On va vivre jusqu’à temps qu’on meure
J’la raconte pour pas qu’on l’oublie,
la p’tite histoire d’Alphonse Hervieux.
Parti seul pour l’Abitibi,
en cinquante, c’tait à gloire de Dieu.
À trente-huit ans, ben écœuré
de Pointe-Saint-Charles, ville ouvrière,
trop tôt pour voir le jour se l’ver,
couché avant l’étoile polaire…
S’est dit : « Tant qu’à mourir vivant,
exploité dans’ manufacture,
vaut mieux s’exiler sur-le-champ
à Val-d’Or, dans’ vaste nature. »
Un baluchon s’est mis su’l’dos,
ses économies d’un an en poche,
caché dans un wagon, incognito :
— M’a descendre à’ ville la plus proche.
Y a fini par arriver dans l’bled,
est allé à mine pour un travail,
c’tait la Sigma Mines Limited
et WELCOME d’écrit su’l’portail.
Naviguant entre prose et poésie, André Lemelin se plaît à mettre en scène des personnages pittoresques qui ont vécu dans son Abitibi natal. Tantôt inventés, tantôt tirés d’expériences personnelles, les événements et les anecdotes s’y succèdent à un rythme « endiablé », nous faisant passer du fou rire à l’émotion.
Livre avec CD