Historique

Le renouveau du conte auquel on assiste depuis plus d’une vingtaine d’années, au Québec comme ailleurs, se distingue par sa retrouvaille de l’oralité ; celle-ci s’accompagne rapidement d’un retour au livre. Par ses publications, la maison d’édition Planète rebelle poursuit un double projet, apparemment contradictoire, mais finalement complémentaire, celui d’une parole et celui d’une écriture.

Fondées en 1997 par André Lemelin, les Éditions Planète rebelle, pour une bonne part dédiées dès l’origine au renouveau du conte, bâtissent leur projet éditorial à partir de cette réalité. En 2002, Marie-Fleurette Beaudoin, nouvelle éditrice de Planète rebelle, reprend et poursuit le projet dans le même esprit : mettre le livre au service du conte.

Son projet éditorial se distingue par ses produits, puisqu’elle associe au support du livre celui du CD ; son format, petit et presque carré, joue l’ambiguïté d’un livre agrémenté d’un CD qu’on place sur l’étagère de la bibliothèque, ou d’un CD à la pochette épaissie d’un livret qu’on range dans un rayon de la discothèque. Ainsi, la parole est présente et peut s’entendre en contrepoint du texte à lire.

Outre les diverses collections tout lectorat et jeunesse dédiées au conte et à la poésie, on trouve encore sur les étagères déjà bien fournies des Éditions Planète rebelle d’autres expériences narratives qui, si elles ne sont pas tant du registre du conte, partagent avec celui-ci l’hommage à la parole, tant du côté de la poésie que de celui des arts de la parole. De tels ouvrages inaugurent, au moyen du CD audio ou du DVD, les possibilités du multimédia et font du livre, comme support d’accueil, un vaste rendez-vous de formes et de modes d’expressions diverses : pas si loin du conte donc, au moins complice avec celui-ci dans la connivence du récit parlé.

Au fil des pages, celui de la parole…

Dresser le portrait des Éditions Planète rebelle — outre le fait de faire connaître le travail de cette maison et les richesses qu’elle recèle pour quiconque s’intéresse au conte —, c’est aussi révéler par l’exemple cette accointance du livre et des dispositifs qu’il permet avec l’univers du conte tel qu’il a rejailli ces derniers temps en vieil art fougueux et plein de verve.