La maison mentale

Dans le dernier numéro de la revue La Grande Oreille (juillet 2020), le conteur Bruno de La Salle parle de l’art de la mémoire inventé au VIe siècle av. J.-C. Un système mnémonique qui utilise des lieux, des images ou des «maisons» pour transmettre des récits et des contes. Cet art de la mémoire est fondé sur l’idée de mémoriser par la représentation de «maisons mentales» ce dont on veut se souvenir. En ces temps de pandémie, j’y ai trouvé de multiples résonances. Après avoir été confinés tout le printemps et devant la menace d’une deuxième vague qui devient de plus en plus réelle, la «maison» est au cœur de nos vies. Cet arrêt brusque de toutes les activités culturelles a permis de voir la résilience et l’immense créativité de nos artistes. Se sont multipliés vidéos, films, spectacles en ligne, et j’en passe. Une foison de contenus qui nous ont aidés à garder la culture au cœur de nos vies. La reprise des évènements culturels — y compris la sortie en librairie de très nombreuses nouveautés — se fait graduellement. Si ce maudit virus frappe encore, faisons en sorte que le refuge de notre «maison mentale» soit un moyen de cultiver notre espace intérieur. C’est dans cette relation, dit Bruno de La Salle, que nous pouvons revivifier ce que nous pensions avoir oublié. À nous d’en témoigner.

Marie Fleurette Beaudoin, éditrice